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L’Absente

Nastasia B

L’odeur du papier, les pages que l’on gravite, deux mots qui nous frappent, qui nous forment ou nous reforment, qui font couler des larmes ou l’encre. J’ecris aussi des critiques sur Babelio [+]

Machinalement, l’homme jette un coup d’?il au panier : il va i?tre vide. Il prend le cache-nez suspendu dans l’entree et enfile son manteau coupe-vent. Il s’assied sur le marchepied et chausse ses courtes bottes. L’horloge indique 7 heures quand il marche en face du crochet ou pendent les cles une maison, qu’il te prend d’un geste mecanique. Cela referme a double tour la a derriere lui sans trop savoir pourquoi, puis ressent avec un certain joie l’air frais et humide qui cingle son visage et lui fera danser la tignasse. Comme a le habitude, l’homme met le nez dans le vent, plisse un peu le regard, remonte la fermeture de sa propre veste impermeable jusqu’en haut puis enfonce ses 2 mains bien a l’abri au fond de l’ensemble de ses poches.Dans J’ai droite, ils font le porte-monnaie : c’est Afin de aller chercher le pain. Dans la gauche, ils font un os de seiche aux trois quarts mordille et une laisse. Elle ne lui sert a rien aujourd’hui puisque Polka n’est jamais avec lui. Polka, ca n’est peut-etre gui?re tres original mais ca sonne beaucoup, et la petite chienne identifie franchement le nom. Ca lui suffit ; l’originalite n’a qu’a s’en satisfaire, elle aussi : ce n’est ni sa priorite ni le but.Comme souvent a une telle saison – on est a J’ai mi-novembre –, le vent envoie de grandes rafales qui l’arretent net et qui lui coupent la respiration l’espace d’un instant. L’homme a besoin de ca, aujourd’hui ; il adore cette sensation d’adversite qui lui arrive en mer. Il vient gouter l’air du large chaque matin et en tout temps libre. C’est sa plage, Afin de ainsi dire. Cela ne lui a jamais fait d’infidelite. Tout cumule, il n’y a nullement plus d’une dizaine de heures depuis qu’il vit a Grandcamp-Maisy ou il n’a jamais frequente sa propre plage, le vent, sa lumiere, le ciel ou son epi, la jetee coudee d’ou l’on a une vue splendide. Une ou 2 fois, c’est qu’il etait cloue au lit, malade tel votre chien ; les autres fois, c’etait… pour Martine.

Martine, c’etait une toute petite bonne femme, gui?re plus haute que ca. Cela avait l’air d’un geant a cote d’elle, lorsqu’ils se baladaient ensemble dans la plage. Pourtant, sans l’ombre d’un doute, c’etait cette dernii?re qui dirigeait domicile ; c’etait un paquet d’energie, une boule de nerfs toujours en mouvement. Martine est partout a la fois, ainsi,, avec sa petite mine de belette, l’air de rien, elle vous donnait des ordres qu’il eut ete inutile de vouloir contester. On peut dire qu’elle savait y Realiser, Martine : ca passait en douceur. Elle vous caressait au sens du poil avec un sourire, une parole tendre, mais derriere tout ca, il y avait des armatures en acier trempe, vous pouvez me croire.Un jour, alors qu’ils marchaient sur la plage avec Polka, Martine s’etait plainte d’une sorte de douleur au dos, dans la colonne vertebrale. On n’en avait nullement fera plus de cas que i§a, car avec bien la ti?che qu’elle abattait journellement, ca n’avait rien de surprenant. Notre balade avait ete belle, neanmoins ; Polka s’etait amusee tel une folle avec un os de seiche qu’on lui lancait et qu’elle courait recuperer.C’etait forcement le aussi manege, inlassablement, i  chaque fois le aussi bruit des vagues, toujours analogues cris stridents de goelands, i  chaque fois identiques jets d’la petite forme blanche et oblongue que la chienne parvenait desfois a rattraper en enormement vol au tarifs d’un saut de toute beaute. Elle est comme fiere en pareil cas ; elle ne le laissait plus facilement, son os de seiche. Elle lui faisait sentir toute la puissance de ses machoires, qu’elle retenait juste a moment avant qu’il n’eclatat sous la pression des crocs, tel Afin de lui signifier : « Si je le voulais, je ne ferais de toi qu’une bouchee. »

L’homme connait l’itineraire par c?ur ; ses bottes pourraient presque faire le chemin sans lui tellement elles ont crapahute dans ce trajet, jour apres jour. Le vent vient du nord-ouest, le manteau sait dai un’occhiata qu’il va se gonfler pile i  l’instant ou il va passer au coin du marchand de journaux ; il y arrive, bien 2 minutes… une, deux, paf ! ca y est : le manteau se gonfle. C’est bon de savoir qu’il y a des choses sur lesquelles on peut compter. I  nouveau deux rues et il y est.Passe l’abri de la derniere maison, tel une grande claque. Ffffoooouuuuffff fait le vent avec une volonte nette de lui couper la respiration et de lui arracher des poignees de cheveux. Chhhouuuuuch et chhhhiiichhh fera la mer en respirant, prete a tousser avec la gorge si?che. Un eternuement de temps en temps vient projeter de l’ecume jusque via la chaussee, tellement cette dernii?re reste haute et grondante, aujourd’hui.

Cela se souvient de une chienne, nullement Polka, celle d’avant – Praline, elle s’appelait –, qui se faisait toujours surprendre avec nos vagues de cette categorie ; elle trouvait chaque fois le moyen de se Realiser tremper, meme quand elle marchait sur l’asphalte. Ah ! votre qu’ils avaient pu rigoler beaucoup de fois, Martine et lui, en voyant Praline se faire surprendre par une vague beaucoup froide ! Elle faisait alors un saut de carpe par l’avant et se retournait, la queue entre des pattes, pour connaitre qui etait le plaisantin qui lui avait fait ce tour. Elle revenait ensuite aupres du couple toute penaude et s’ebrouait tout pres d’eux, histoire de les faire profiter de l’ensemble de ses eclaboussures.C’etait le bon temps, ca, mais ils ne le savaient jamais, aussi ; ni lui, ni celle-ci, ni J’ai chienne. Ca paraissait si loin, dorenavant. La chienne est morte avec belle lurette. Ils avaient bon nombre pleure, s’etaient jure qu’ils n’en reprendraient plus car c’etaient des betes a chagrin, avaient tenu bon pendant a minimum pres un an puis, sans l’ombre d’une hesitation, avaient d’emblee evoque oui Lorsque l’on un avait propose la petite Polka.Elle s’etait tres vite montree beaucoup plus futee que Praline ; plus agile, egalement. C’etait Martine qui avait eu l’idee de lui lancer un os de seiche, la premiere fois ; la chienne avait tout de suite compris qu’elle pouvait aller le chercher et le rapporter pour continuer le jeu. Praline n’etait en general jamais capable de cette categorie de subtilites.